Cette statue à pouvoirs a été utilisée dans le cadre de pratiques de divination. On la trouve souvent chez les chefs et les guérisseurs. Elle prédit tout événement heureux ou malheureux susceptible de se produire au sein de la cour du chef et propose des solutions. Elle répond aux besoins de la population révélés au chef et le protège contre tout danger.
Dans la maison du chef, une personne – une épouse ou un kitobo (cousin ou neveu du chef) – est chargée de veiller sur ce fétiche. C’est à cette sentinelle que le fétiche transmet ses messages à travers les songes.
La matière utilisée pour les yeux – l’un en fer et l’autre en cuivre – est tout simplement le symbole de la richesse. Les deux petites figurines – l’une masculine et l’autre féminine – accrochées aux hanches signifient que le chef protège autant les hommes que les femmes et les enfants. Il est donc le garant de sa communauté.
La signification des objets se référant aux animaux est multiple et peut varier d’une personne à l’autre. Par exemple, la peau de serpent sur une statue peut avoir une signification à la fois esthétique et symbolique. Certaines espèces comme le serpent, le pangolin ou la tortue sont très endurantes et ne succombent pas aisément aux coups de leurs ennemis. La tortue et le pangolin, par exemple, peuvent rester longtemps sans manger. Le serpent symbolise particulièrement le danger car, même mort, il continue à faire peur à son ennemi.
Quant aux cornes, elles sont un signe de défense ou de protection au sein du monde animal. Seules les statues des chefs portent des colliers au cou. Les colliers ou les perles symbolisent la beauté, le pouvoir et la richesse. Les perles en verre – telles celles qui constituent le collier de cette statue – étaient utilisées chez les Songye ou chez les Luba, mais elles ont été importées par le biais de locuteurs arabo-swahili. On les appelait shikita ou zikita.
Un collier sublime la beauté des femmes. Mais toutes les classes sociales n’en portaient pas. C’était essentiellement l’apanage de la classe royale. Un collier en peau de léopard ou d’hyène, des dents de léopard ou des perles en verre comptaient parmi les marques de dignité des chefs coutumiers. De nombreuses statues de rois ou de chefs importants portent de tels colliers destinés à renforcer la beauté et à susciter l’admiration. C’est le rôle de l’artiste. Celui du nganga ou expert en rituels est de veiller aux éléments procurant à la statue son pouvoir magique.
Un non-initié ne peut pas connaître précisément et donner le sens réel d’un objet porté par la statue, ni le pouvoir apporté par chaque élément. Un nganga ne dévoile jamais publiquement ses secrets. Il préfère en garder le monopole et assurer ainsi sa renommée au sein de son territoire. [Source: Dibwe dia Mwembu, Donatien dans: 100xCongo, 2020: 239]