Le disolwa est la lame de fer d’une cognée qui, fichée dans un manche en bois, sert à fendre le bois. Le kasolwa est une hache de parade, d’apparat, de cérémonie, également appelée kibikye ou mutobola. Cet exemplaire est magnifiquement ouvragé et sa lame est ornée de motifs géométriques incisés. Elle est décorée, dans ce cas précis, d’une tête féminine finement dessinée, avec sa coiffure dans la nuque. Une hache de parade aussi soignée n’était pas seulement réservée au roi et aux chefs baluba, elle pouvait aussi être portée par les bamafumu ou dignitaires de haut rang, les bilumbu ou voyants-prophètes, ou encore des membres d’associations secrètes.
Cette hache de cérémonie était portée sur l’épaule pour indiquer le rang et le titre de son porteur. Elle était .aussi maniée au cours de danses et autres cérémonies liées à la cour. Lors de fouilles archéologiques menées dans la dépression de l’Upemba, d’anciennes haches de parade en tous points identiques aux exemplaires des 19e et 20e siècles ont été découvertes dans des tombes du premier millénaire. Ce qui atteste l’ancienneté d’un ordre politique basé sur le travail du métal dans la région des Baluba. Une hache, même d’apparat, portée sur l’épaule constitue aussi une arme à portée de main. Cet insigne est une arme ou un outil transformé en emblème de pouvoir, véritable incarnation des secrets royaux, une commémoration des origines de l’empire baluba. En fabriquant et en portant une hache, le mulopwe rappelle son fondateur, Mbidi Kiluwe, ce héros culturel qui a introduit des techniques avancées de métallurgie et de chasse, et dont les emblèmes sacrés étaient une hache (kasolwa), une lance (mulumbu), un couteau (kipete), un porte-flèches (lupanda) et des cloches (ludibu). La fonte des métaux dans le haut fourneau, le dilungu, et le forgeage dans le lwanzo sont considérés comme des arts de transformation, des métaphores de la création d’un mulopwe sacré à partir d’un simple mortel. Mulopwe, mulopoe, mulopo(l)e, mulopowe veut littéralement dire, celui qui est (re)tiré du feu ardent, tel un fer rougi auquel le forgeron imprime une nouvelle forme. Le terme est dérivé du verbe kulopola mu mudilo, ku(l)opola mu mudilo, ou même kuopola mudilo, retirer du feu ou prendre le feu. Le feu sacré du pouvoir, mudilo wa mbala, incarne au plus fort encore l’esprit du bulopwe. Les haches de parade sont des emblèmes de prestige, et des vecteurs de messages plus profonds dans le rituel royal des Baluba. Les dessins délicatement gravés qui ornent la lame rappellent à petite échelle l’idée de se frayer un chemin et de faire des marques sur le sol, poteaux indicateurs de la voie tracée pour les suivants sur le chemin de l’initiation. Appelées ntapo, ces marques évoquent les tatouages portés par les femmes pour exprimer leur identité et leur statut social. Les scarifications ont un but érotique et esthétique, mais elles constituent également une forme d’écriture et de communication. Elles véhiculent des concepts d’ordre cosmologique et sont des symboles de perfection physique et morale. [Source: Lukanda Lwa Malale Ndeke, Florent dans: 100xCongo, 2020: 262-263]