On trouve ce type de masque (voir aussi AE.0334) chez les Luba et les Songye. Chez les Songye de Kisengwa, il était appelé kifwebe (pl. bifwebe) et utilisé lors de l’intronisation d’un nouveau chef coutumier. Le futur chef devait être capable d’identifier la personne masquée puisqu’il était censé disposer de pouvoirs surnaturels. Il montrait ainsi qu’il était également capable d’identifier les problèmes ou les difficultés pouvant survenir dans son territoire et qu’il disposait donc de la capacité de sécuriser la population, condition sine qua non pour être intronisé.
Les bifwebe songye remplissaient trois fonctions à l’égard de la communauté. La première était récréative car l'attente essentielle du public était d’être diverti par les sons des tambours (tusanga, sg. kasanga), les chants et les danses. La deuxième fonction était protectrice ou sécuritaire puisque les masques étaient censés protéger la population des attaques des sorciers, de la foudre, de la pluie, etc. Les bifwebe empêchaient la pluie de tomber et la foudre de s’abattre sur la foule durant les manifestations. La troisième et dernière fonction était éducative puisqu’à travers les chansons, les proverbes, les contes ou les danses, la foule recevait des leçons sur l’éthique, la parenté, le mariage, la sexualité, l’histoire de la région, etc.
Diverses occasions permettaient aux bifwebe de se manifester publiquement, par exemple, le deuil d’un chef coutumier, d’un membre de la société bifwebe ou d’un simple habitant du village ou l’initiation de nouveaux adeptes, l’intronisation d’un chef coutumier, la naissance d’un nouveau groupe de bifwebe dans la région, la célébration d’un évènement heureux ou malheureux, l’accueil d’une autorité politico-administrative moderne ou la pratique traditionnelle de la circoncision. Il s’agissait d’un événement heureux dans le village, mais aussi d’une étape très importante dans la vie des jeunes qui changeaient de statut en étant accueillis et intégrés dans le monde des circoncis. Les bifwebe pouvaient également se produire à leur propre initiative ou sur invitation. [Source: Dibwe dia Mwembu, Donatien dans: 100xCongo, 2020: 246-247]